Written by 8:55 am Jurisprudence de la méthode

Les trois livres liés à la méthode Tijaniya

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

Louange à Allah, et que les bénédictions soient sur notre maître Muhammad, l’ouvreur, le sceau, le soutien, le guide, ainsi que sur sa famille et ses compagnons.

Il est bien connu que les trois ouvrages liés à la Tariqa Tijaniyya, rédigés du vivant de notre maître le Cheikh (qu’Allah soit satisfait de lui), à savoir Jawahir al-Ma’ani (Les Joyaux des Significations), Al-Jami’ et Rawd al-Muhib al-Fani (Le Jardin de l’Amant Éphémère), ont été principalement écrits et dictés dans les régions désertiques situées entre le Zawiya d’Abi Samghoun, Shallala et ‘Aïn Madi. Très peu de ces écrits furent réalisés dans la ville de Fès.

En d’autres termes, la lumière de la Tariqa Tijaniyya a vu le jour au Zawiya d’Abi Samghoun en l’an 1196 de l’Hégire, alors que notre maître le Cheikh (qu’Allah soit satisfait de lui) avait 46 ans. Par conséquent, la durée de sa direction de cette voie bénie fut de 34 ans. Il a passé la première moitié, soit 17 ans, dans le désert, tandis que la seconde moitié, d’une durée équivalente, fut vécue dans la ville de Fès, capitale scientifique et administrative du Maroc à l’époque.

Ce que nous souhaitons souligner ici, c’est que les trois œuvres mentionnées, qui demeurent aujourd’hui des sources essentielles de notre voie, furent achevées durant la première période de l’émergence de la Tariqa, avant l’installation définitive du Cheikh à Fès en 1213 de l’Hégire.

Il existe, bien sûr, quelques fragments mineurs écrits à Fès, mais l’essentiel du patrimoine, des principes et des fondements de la voie provient de sa période passée dans le désert. Il est toutefois important de noter que même durant cette période désertique, tout n’a pas été consigné. Ceci est confirmé par la déclaration du Khalifa vénéré Sidi Haj Ali Harazem dans Jawahir al-Ma’ani, où il précise que ce qu’il a enregistré ne représente qu’une petite portion par rapport à ce qui a été omis.

Cependant, il y a une grande différence entre la période que notre maître le Cheikh (qu’Allah soit satisfait de lui) a passée dans le désert et celle qu’il a vécue à Fès. La seconde période fut la plus brillante et éclatante, car c’est durant cette phase qu’il atteignit la Qutbaniya al-Uzma (la Suprême Pole) ainsi que le rang de Khatmiya (le Sceau caché et ultime). Les périodes antérieures de sa vie ne sauraient être comparées à cette phase dorée, véritable apogée de son parcours spirituel et intellectuel.

Ironiquement, cette période dorée passée à Fès n’a pas été documentée comme elle aurait dû l’être. Les écrits et la littérature de la Tariqa continuèrent de s’appuyer sur les ouvrages produits durant la période désertique. Certains historiens attribuent ce manque de documentation à la disparition de certains grands compagnons, notamment l’illustre Sidi Haj Ali Harazem Barada Al-Fassi, qui quitta Fès en 1215 de l’Hégire et décéda près de Badr, à proximité de Médine, en 1218. De même, le célèbre savant Sidi Muhammad ibn Al-Mishri Al-Suba’i, dont la vie oscillait entre le désert et Fès, s’éteignit à ‘Aïn Madi en 1224, soit six ans avant le décès du Cheikh.

À ce sujet, le savant Sidi Ahmad Skirej écrit dans ses annotations : « Si le Khalifa vénéré Sidi Haj Ali Harazem avait vécu dix années de plus et était resté aux côtés de notre maître le Cheikh (qu’Allah soit satisfait de lui) à Fès, il aurait compilé de ses dictées, de ses sciences, de ses compréhensions, de ses ouvertures et de ses sagesses des connaissances que ni les esprits ne sauraient comprendre ni les écrits embrasser. Mais telle fut la volonté d’Allah, et Il fait ce qu’Il veut. »

Sidi Ahmad Skirej ajoute que certains savants de cette époque ont manqué de diligence dans la transcription des enseignements du Cheikh pendant sa résidence à Fès. Cela s’explique par la révérence profonde qu’ils éprouvaient envers lui, par leur manque de conscience de l’importance de consigner ses paroles et ses conseils, ou par leur satisfaction envers les œuvres déjà écrites durant la période désertique.

Malgré cela, durant cette période à Fès, le Cheikh (qu’Allah soit satisfait de lui) était à l’apogée de son activité intellectuelle et spirituelle. Il était, par héritage, un réservoir inépuisable de sciences et de savoirs. Cela est confirmé par l’érudit Sidi Muhammad Al-Hajjouji Al-Hassani dans le premier volume de Ithaf Ahl al-Marateb al-‘Irfaniyya. Dans la biographie de Sidi Ahmad Bannani (père de Sidi Ahmad Bannani Jr.), il rapporte que ce dernier disait : « Notre maître le Cheikh (qu’Allah soit satisfait de lui) me dictait parfois des sciences si profondes que je me sentais presque ignorant face à la profondeur de ses vérités. »

Il est à noter que le seul ouvrage écrit durant cette dernière période à Fès est Al-Ifadah al-Ahmadiyya li-Murid al-Sa’adah al-Abadiyya, rédigé par le vénéré Sidi Al-Tayyib Al-Sufyani (qu’Allah lui fasse miséricorde). Bien que ce livre ne rivalise pas avec les trois ouvrages fondamentaux, son importance est liée à la période qu’il couvre, bien qu’il se compose principalement de brefs comptes rendus et de notes.

Enfin, le savant Sidi Muhammad Al-Hajjouji aurait également compilé un ouvrage rassemblant des fatwas, dictées et enseignements du Cheikh (qu’Allah soit satisfait de lui) durant sa période à Fès. J’ai eu l’occasion de lire de larges extraits de cet ouvrage chez le fils de l’auteur, notre Cheikh Sidi Muhammad. Malheureusement, ce manuscrit a disparu après avoir été présenté lors du premier congrès de la Tariqa Tijaniyya à Fès en 1983. Malgré des recherches acharnées menées durant de longues années, nous n’avons jamais pu le retrouver. À Allah appartient l’ordre, avant et après.

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